Cerveau gauche, cerveau droit, latence auditive... Question aux musiciens

Hello,

Je suis illustrateur, et les travaux de Betty Edwards « Dessiner avec le cerveau droit » ont été vraiment une clef dans l’apprentissage du dessin. J’ai un peu repris le concept dans mes manuels.

Pourquoi je vous parle de ça ici ? Pour (vraiment) résumer nous aurions une dichotomie entre une partie analytique et une partie sensorielle.

Hier je travaille sur une mélodie par dessus un accompagnement. Au bout de plusieurs heures, je la trouve bien, raccord avec les accords, avec juste ce qu’il faut de poivre et sel pour que ce ne soit pas lambda.

Et ce matin, écoute à froid, c’est pas du sel et du poivre, c’est trop cuit, ça ne va pas.

Alors, vous qui êtes de vrais musiciens, avez-vous ce que j’appelle une latence auditive ? C’est à dire : vous bossez sur quelque chose, vous vous y habituez, votre cerveau sensoriel prend le pas sur l’analytique (plus froid, plus précis) et vous ne vous rendez pas compte que ça ne fonctionne pas.

Ou bien sentez-vous tout de suite que ça cloche car vous avez un bon équilibre entre la recherche du groove, de la qualité mélodique (dans son originalité) et des bases qu’ils ne faut vraiment pas abîmer. Style « ok pour placer cette note qui sort de la gamme, mais juste comme note de passage très rapide parce qu’elle trouve sa résolution tout de suite, mais surtout pas pour entamer le refrain ! ».

En dessin il y a le même souci (pas que pour moi, je l’ai vérifié avec mes élèves), ce côté « on a le nez dedans, on se focalise sur un détail qui nous perturbe sans voir qu’il y a autre chose de plus bancal et de plus choquant ».

En dessin on peut regarder dans un miroir, ou en transparence et ça saute aux yeux le défaut « invisible ». Mais en musique je n’ai pas d’idée (à part pour moi écouter bien plus tard).

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Salut,Je me retrouve pas mal dans ce que tu dis, autant en musique qu’en dessin (je dessine aussi, en amateur et beaucoup moins depuis que j’ai repris la musique).

Je n’ai pas de solution pérenne, mais une habitude : toujours laisser reposer une compo (ou un dessin, une planche de BD…) quelques jours/semaines/mois avant de s’y attaquer de nouveau.

Ca permet de voir/entendre avec un oeil/une oreille neuf/neuve et les défauts seront d’autant plus visibles.

J’ai remarqué aussi que, concernant la musique, ça arrive beaucoup plus rarement en jouant en groupe, ce qui est logique : en groupe, tu as un retour immédiat sur ce que tu fais.
Quand tu bosses tout seul, forcément, c’est plus difficile !

Salut Galfi.

J’ai eu une petite expérience de groupe, dans le sens où j’amenais mes compos. Des fois la suite d’accords, voire la mélodie, étaient repris tel quel, des fois non. Mais quand ce n’était pas bon, je n’avais pas d’explications.

Alors oui, il reste cette solution de laisser reposer, comme tu le dis pour le dessin, mais je me demandais si des musiciens aguerris avaient davantage une boussole juste.

Sinon il y a toujours la solution de jouer des reprises à Hambourg pendant quelques années et de pouvoir 12 ans plus tard composer en quelques minutes un hit :grinning_face_with_smiling_eyes:

Paul

Ca dépend ce que tu appelles « musicien aguerri » : je joue de la basse depuis plus de 30 ans (avec quelques périodes « off » où le dessin/peinture prend le dessus), j’ai joué en groupe pendant une quinzaine d’années et là, depuis 4 ans, je suis en solo et également en duo avec un ami guitariste (ce sont donc 2 projets différents).
Mais je ne suis pas un professionnel de la musique, juste un amateur autodidacte.

Et malgré cette expérience, je n’ai pas trouvé d’autre solution que de laisser reposer.

Je rejoint Galfi, l’oreille neuve est encore la meilleure option à mon sens. Après bien sur de solides connaissances théoriques peuvent être bien sur un plus. Sinon faire écouter à des tiers, mais éviter ceux qui seront trop gentils ou le contraire. Idéalement des gens qui pourront dire objectivement ce qui ne va pas; pas forcément des musiciens d’ailleurs, mais des personnes qui pourront clairement exprimer leurs ressenti.

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Alors pour moi, c’est bien cela un musicien aguerri :grinning_face_with_smiling_eyes:

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Merci Renaud.

Oui, on en sort pas. Je cherchais une solution plus « magique », plus rapide, de type écouter à un autre tempo très différent. Mais malgré l’aspect mathématique de l’imbrication mélodie/accord (que l’on peut en effet bien améliorer avec des connaissances harmoniques), reste pour moi cette immersion sur le moment qui ne me fait pas entendre avec déplaisir des dissonances, sur le moment.

Après c’est vrai que je suis plus « Lodger/Scarymonsters » comme albums de Bowie que « Lets Dance ».

J’ai l’impression que quand je bosse sur quelque chose, je finis par m’habituer à tout, y compris aux pains.

Donc je vais suivre vos conseils et mettre ce que je bosse dans un tiroir une bonne semaine systématiquement.

Merci.

C’est très courant ce genre de remarque voir même très répandu.
Musicien pro ou pas et cela dans beaucoup de domaine.

Il m’arrive très souvent de rester trop longtemps sur un arrangement/Mélodie jusqu’à tard dans la nuit ou le lendemain c’est une « catastrophe » (Surtout quand on a une commande à traiter avec un délai très court de 24/48H pour 15 min à sonoriser …).

Il faut impérativement « couper » 24/48H pour apercevoir d’un seul coup tous les « gros » défaut. Cela saute littéralement au « yeux ».
Le cerveau s’habitue beaucoup et on n’est plus du tout objectif quand on s’acharne et je trouve même cela non productif justement.

Cependant, pour la part, je sens tout de suite si je tiens qqu chose ou pas. Comme un coup de cœur, ce cœur qui s’emballe et la on a les yeux qui s’écarquillent et deviennent brillant (D’émotion). :collision:

J’ai pris l’habitude d’arrêter assez tôt du coup lorsque je travail sur un point précis. Après quand j’ai du temps biensûr ou alors passer sur autre chose et revenir après quelques heures dessus, mais cela ne vaut pas une bonne coupure de 2/3 jours. Même le lendemain on voit pas mal de chose à corriger (Ou pas !).

Enfin, j’ai eu aussi l’inverse. Des idées trouvées et mit dans un répertoire « NO VALID » et puis un jours, je ré ouvre le projet et là coup de foudre, elle fini en master. Pas de solution unique dans tous les cas car on est aussi tous différent sur l’approche de la création.

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Il n’est pas nécessaire de virer tous les pains : en laisser quelques-uns (discrets) peut humaniser une compo.
Après, c’est juste mon approche de la chose et ça dépend bien sûr du type de musique (en électro, évidemment, tout est ultra-carré).

Ca, c’est assez courant. Il faut de toutes façons du rebut, j’imagine mal un créatif utiliser absolument toutes les idées qu’il a eu.
Mais ça m’arrive aussi de réécouter de vieilles idées mises de côté, pour me rendre compte qu’effectivement il y a quelque chose.

Ca tient aussi au fait que tout le monde évolue avec le temps. Quelque chose qui ne te plaisait pasd il y a 5 ou 10 ans pourrait très bien te plaire maintenant.

Et inversement.

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Oui, c’est certain pour le recul de plusieurs années, je vois vraiment ça avec le dessin.

Ensuite, je me rappelle que mon prof de guitare au début avait du mal à me faire revenir « à la maison », sur la tonalité. J’aimais bien finir sur des non résolutions, mais quand c’est pas résolu… Et ben c’est pas fini !

Avec le temps j’ai un peu plus senti ce besoin de boucler, mais on va dire que ça n’est pas naturel chez moi.

Je trouve que dans ce que j’entends en mainstream est tellement prédictible… ça fait peut être parti du souci, un besoin trop marqué de surprendre l’oreille.

Enfin, quand je parlais de Pain, je parlais vraiment de gros gros pain, bien campagnards, la tourte de 1.5 kg : )

En tout cas cette discussion me fait me sentir moins seul sur cette question : )

Salut Neilfactory.

Cool, je ne suis pas seul à faire de gros ratages la nuit : )

Mais je crois que je vais prendre une certaine hygiène de composition, à ne pas bosser plusieurs jours de suite sur quelque chose. Plutôt travailler sur un autre morceau et laisser reposer.

Et en effet il y a aussi des bonnes idées que l’on a laissées de côté. Peut-être parce que ça n’était pas leur heure tout simplement.

À l’inverse pour les paroles, je trouve que m’immerger en continu sur plusieurs jours est positif. Peut-être parce que je manipule les mots depuis beaucoup plus longtemps que la musique (je vois quand même que celles et ceux qui ont appris la musique jeune ont une oreille beaucoup plus juste).

Merci pour ta réponse.

Jean-Paul

Salut à tous,
Pourtant les plus grands morceaux ce sont fait souvent à l’arrache parce que tous les éléments étaient réunis, peut-être pas sur un coin de table. C’est un peu comme une toile qui est finalisée dans la tête du compositeur avant d’être écrite sinon ce n’est qu’une période d’apprentissage, savoir à quel moment l’on peut être prêt ou jamais, c’est la muse qui décide.

Bonjour Gipea,
En effet, les paroles c’est un peu l’inverse (Si j’écoute mon auteur pour mes besoins).
De temps en temps, je ressort mes boites à idées et je suis souvent surpris (Dans la négative comme le positif).
Mais mon iPhone est rempli aussi de mes supers chants fredonnés faits dans un coin pour pas louper l’idée (Lol).

@ PascalHP
En fait on parle de rester des heures sur la même chose et de ne plus avoir de repère sur les défauts et non la rapidité des idées trouvées (Oui, sont en général 90% créer en qqu minutes).

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Bonjour @Neilfactory j’ai bien compris le sujet de votre discussion, cela fait près de 35 ans que mes projets musicaux s’accumulent passant de simples enregistrements sur bandes magnétique ( simple enregistreur cassette, Tascam 4 piste, puis pentium 75 jusqu’à les derniers en date) des textes, poèmes histoires à mettre en place, de projets qui démarrent et ne trouverons pas de finalité, bref si je devais faire la liste de toutes ces idées , de mes videos en impro et aujourd’hui plus que jamais devant mon clavier c’est le stand by total.
Ce qui me désole c’est qu’il y à quelques années cela ne me posait pas autant de problème d’enregister en direct de faire 10 à 15 pistes, conserver les meilleures.
Je pense que j’ai mis la barre bien trop haute avec la musique Orchestrale et cinématographique, je me laisse encore quelques mois avant de faire un checkup et retourner vers le progressif rock instrumental.
Bon après midi .